Réforme des tarifs : les dés pipés pour le West Island?

 

 L’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS) s’inquiète des scénarios de tarification du transport collectif du Grand Montréal, récemment révélés par des médias de Québecor. Selon les informations publiées, le scénario qui serait privilégié par l’ARTM favoriserait indûment les usagers de l’est et de l’ouest de l’île de Montréal par rapport aux usagers de la rive sud.

En effet, on évoque la création d’une zone tarifaire unique sur l’Île de Montréal, alors que les villes de la rive sud seraient incluses dans deux zones tarifées à un prix plus élevé. Concrètement, cela signifierait que l’usager partant de la gare de Pointe-aux-Trembles, située à 20 km du centre-ville, paierait un tarif moins élevé que l’usager partant de la gare de Saint-Lambert, située à 7 km du centre-ville.

Pour l’ATCRS, la situation est particulièrement problématique lorsqu’on considère les impacts financiers du REM. Selon l’entente négociée entre la Caisse de dépôt et l’ARTM, celle-ci doit payer à la Caisse une somme de 0,72 $ par kilomètre parcouru par ses passagers.

Concrètement, cela signifie que l’ARTM devra verser à la Caisse 10,80 $ pour un passager partant de la station Rive-Sud (la gare la plus éloignée de Brossard) vers la Gare centrale (15 km).  Pendant ce temps, il en coûtera à l’ARTM 22,32 $ pour déplacer un usager de Saint-Anne-de-Bellevue, à 31 km de distance de la Gare centrale, et 14,40 $ pour un usager partant de Roxboro-Pierrefonds, à 20 km de cette gare.

L’ARTM a l’obligation de maintenir une contribution globale de l’usager tournant aux environs de 31% du coût total du déplacement. Si l’usager de Sainte-Anne-de-Bellevue paye  un billet à un coût similaire à celui du métro actuel, soit environ 3,50 $, cela amènerait sa contribution à environ 16 % de la facture totale, bien en-dessous de la cible de l’ARTM.

Inversement, l’usager de la station Rive-Sud, s’il devait payer un tel tarif, débourserait au total 34% du coût du déplacement, donc légèrement plus que la cible de l’ARTM. Vu le projet de nouvelle grille tarifaire, les usagers de la Rive-Sud, plus près du centre de Montréal, devront cependant payer des tarifs encore plus élevés pour compenser les tarifs plus faibles dans le West Island.

Selon Axel Fournier, co-porte-parole de l’ATCRS, «avec le scénario privilégié par l’ARTM, les usagers des couronnes nord et sud subventionneraient allègrement le service des villes de banlieue situées sur l’Île de Montréal». «L’iniquité est flagrante», affirme-t-il. M. Fournier demande que les habitants de la rive sud soient traités de la même façon que les habitants des extrémités est et ouest de Montréal.

L’ARTM a dit à plusieurs reprises souhaiter tenir une consultation publique sur les tarifs de transport collectif. Elle a réitéré cet engagement lors de la dernière séance publique de son conseil d’administration. L’existence de scénarios récemment publiés, dont certains semblent être déjà privilégiés, démontrerait que leur étude est fortement entamée malgré le processus de consultation à venir. L’ATCRS craint que les dés soient déjà pipés.

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